Le Survivant - Chapitre 2

, par  Germain Bourdaud , popularité : 10%

Odi n’en croyait pas ses yeux.
Après cet incendie, les habitants de Tiranyôr n’auraient pas pu venir se venger. Ils devraient réparer leur village, qui doit être en cendres à l’heure qu’il est.
De plus, Odi était resté discret tout le long de sa mission. Aucun garde, à part celui qu’il a égorgé, ne l’a repéré. Personne ne pouvait savoir que c’était un habitant de Cardyôr qui avait déclenché ce brasier. Comment est-ce arrivé ? Comment ont-ils su ?
Odi observa l’armée qui se tenait devant lui. Il y avait des hommes, des femmes, armés d’épées, de fourches, de lances, de boucliers.
Odi pouvait lire la colère sur leurs visages. Il sentait que leur vengeance serait destructrice. Le chef, équipé d’une armure, déclara à l’armée :
 Brûlez-moi ce village.
Odi réagissa :
 Attendez ! Je vous propose un marché !
 Et c’est quoi, ton marché ? ricana le chef de Tiranyôr.
Odi était sous pression, il avait du mal à respirer.
 Ne brûlez pas notre village, et en échange nous vous aiderons à réparer le votre. Tout le monde dans Cardyôr. Les hommes, les femmes, les enfants. Tout le monde ici aidera. Sans aucune exception.
Le chef de Tiranyôr regarda Odi dans les yeux sans répondre. Il déclara :
 Marché conclu.
Puis il tendit sa main à Odi. Il la serra vigoureusement.
 Marché conclu, répéta-t-il.
Cardyô, Clara et Ido étaient toujours inconscients.
 Vous pouvez retourner à votre village, dit Odi. Je vais prévenir tout le monde.
 Très bien, déclara le chef de Tiranyôr.
L’armée partit et bientôt Odi se retrouva tout seule dans la place du marché.
Il essaya de réveiller Clara, Ido et Cardyô. Cardyô se réveilla en premier.
Il demanda à Odi en regardant les dégats de l’explosion :
 Que s’est-t-il passé ?
 Les habitants de Tiranyôr sont revenus se venger.
 Ou-sont-ils ?
 J’ai fait un marché avec leur chef. En échange de la sûreté de notre village, on doit réparer le leur. Tout le monde doit aider, expliqua Odi.
Cardyô poussa un soupir de soulagement.
 Tu as bien fait, dit t-il à Odi. Mieux vaut ça que nous brûlions dans notre propre village. Ido, ordonna t-il, va prévenir tout les villageois que nous partons immédiatement pour Tiranyôr.
 Entendu, répondit Ido.
Il partit dans le village, et il revint avec l’intégralité des villageois. Hommes, femmes et enfants. Les bébés devaient rester avec deux femmes dans le village, ils étaient une exception.
Très bien, expliqua Odi devant tout les villageois. J’ai conclu un marché avec le chef de Tiranyôr. Nous devons aller reconstruire leur village, et en échange ils ne détruisent pas le nôtre. Que vous le vouliez ou non, nous y allons. Alors allez chercher des pelles, des pioches, du ciment, du bois. Dépêchez-vous, nous partons bientôt.
Un villageois protesta :
 Pourquoi irons-nous réparer leur village ? Non seulement, ils nous ont pillé nos ressources, ils ont eux aussi détruit une partie du nôtre. Et en plus, nous devrions nous soumettre à eux ?
Odi répondit du tac au tac :
 Quel est ton nom ?
 Edusyo, répondit le villageois protestant.
 Ecoute-moi bien, Edusyo, dit Odi. Tu préfères que nous allions reconstruire leur village, ou que nous nous retrouvions sans le nôtre ?
Edusyo ne répondit rien. Odi reprit la parole :
 Quelqu’un d’autre à une chose à dire ?
Les villageois se turent.
 Parfait, se réjouit Odi. Nous partons donc immédiatement pour Tiranyôr.
Les villageois allèrent chercher des pelles, des pioches, du ciment. Puis il se réunissèrent à l’entrée du village. Puis tout le monde partit à Tiranyôr.

Les villageois revinrent à Cardyôr douze heures après leur départ. Il étaient éreintés, affamés, assoiffés. Tout le monde se précipita à la fontaine de la place du marché. C’était la fin de l’après-midi. Après avoir étés rassasiés, ils partirent se coucher.
Odi, Cardyô, Clara, et Ido firent de même.

Le lendemain, les villageois firent la grasse matinée. Quand Odi fut levé, seul Cardyô était réveillé. Il faisait la cuisine dans la cuisine de sa maison. Malgré le fait qu’il soit le chef du village, il possédait une maison très simple, comme tout les autres villageois :
 Bonjour, Odi, dit t-il joyeusement.
 Bonjour, Cardyô, dit Odi presque sur le même ton.
Cardyô préparait son petit-déjeuner.
 J’ai une grande nouvelle à t’annoncer, Odi.
 Ah oui ? interrogea Odi. C’est quoi ?
Cardyô lui expliqua tout en cuisinant.
 Tu sais que l’hiver est arrivé ?
 Oui, bien sûr, dit Odi.
 Eh bien, pour le Roi Dikyos premier, à cette époque de l’année, chaque guerrier de chaque village du Royaume doit enseigner à un écuyer les valeurs guerrières. Il doit lui apprendre le maniement de l’épée, de la hache, de l’arc, du bouclier. L’écuyer doit apprendre à monter correctement un cheval, à vêtir une armure.
 Et alors ? s’impatienta Odi.
 Et alors, toi, Ido, et Clara allez éduquer un écuyer, déclara Cardyô. Ce n’est pas génial ?
Odi semblait septique.
 Quand arrivent-ils ? demanda t-il.
 Aujourd’hui, répondit Cardyô.
 Très bien, dit Odi.
Cardyô fut étonné. Il pensait que Odi n’aurait pas accepté la proposition qu’il venait de faire.
 Mais dis-moi, Cardyô, questionna Odi. Tu as eu toi aussi un écuyer, non ?
 Moi, oui, j’en ai eu un.
 Qui était-ce ?
 C’était ton frère.
 Sérieusement ? s’exclama Odi.
 Absolument, expliqua Cardyô. Je lui ai appris la vie de guerrier, le maniement de l’épée, enfin bref, ce que tu apprendras à ton écuyer.
Odi s’assit à la table de Cardyô.
 Qui m’a éduqué ?
 Ma soeur Gikyâ, qui travaille aujourd’hui au service du Roi.
 Et Clara ? demanda Odi. Qui l’a éduquée ?
 Mon défunt frère, Trefyô.
 Vous avez tout les deux fait la Terrible ?
 Oui, expliqua Cardyô. Mon frère, cet idiot, a affronté Ralikyar en duel. Il est malheureusement mort.
Cardyô expliqua son vécu à Odi avec un regard perdu, comme évadé.
 Et toi ? demanda Odi. Comment as-tu survécu ?
 Moi, j’ai fui la capitale lors de la dernière bataille de la guerre. Je me suis réfugié dans ce village, et peu à peu, je suis devenu le chef. Avant la Terrible, j’étais au service du Roi, en tant que commandant des troupes terrestres.
Odi n’osa pas en demander plus à Cardyô, car il sentait que ça lui rappelait des mauvais souvenirs.
Il mangèrent leur petit-déjeuner en silence.
Puis un garde vint frapper à la porte de Cardyô. Celui-ci se leva, et alla ouvrir la porte.
 Que se passe t-il ? demanda Cardyô.
Le garde était essoufflé, comme si il venait de courir :
 Les écuyers sont arrivés, chef.

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