Visa pour l’Image 2009
Tais-toi, et creuse !
Les années 2008 et 2009 resteront sans doute à marquer d’une croix noire dans l’histoire du photojournalisme… Nombreuses sont les agences à pratiquer des forfaits ("vous nous payez une somme forfaitaire, et vous utilisez toutes les photos dont vous avez besoin"), très attirants pour des magazines et quotidiens dirigés par des gens qui n’ont en tête que la rentabilité, à deux chiffres si possible… On devrait aussi parler du tarif unique (« servez-vous, pour une vignette ou une double, c’est le même prix ! »), et de la généralisation de l’usage des photos DR, souvent gracieusement fournies par les services de presse ou de communication.
Nous ne mentionnerons même pas ici les services photo des magazines qui se tournent, à la demande des memes gestionnaires déjà évoqués, vers les sites de photo amateurs à 1 ou 2 euros l’image.
La presse souffre, comme tout le monde. La généralisation de ces différentes pratiques étrangle non seulement les agences de photo qui refusent d’entrer dans ce système, mais aussi les photographes, dans leur ensemble. Qui peut encore produire ? Par produire, je veux dire produire un vrai sujet, dans la longueur, en prenant le temps de rester, de regarder, de travailler, de comprendre. D’être jour-na-lis-te !
Los Angeles Times, Chicago Tribune, en faillite… Oui, mais il y a le web ! On ne cesse de nous dire que la publicité et les annonceurs délaissent de plus en plus le support papier pour le web. Soit ! Mais pourquoi l’argent qui rentre dans cet eldorado n’en ressort-il jamais pour les producteurs, qu’ils soient photographes ou journalistes ? Mystère !
Alors, et Perpignan dans tout cela ? Nous ne serons pas le dernier refuge des dinosaures. Au contraire, nous allons montrer que la production de qualité existe toujours, même si elle est de plus en plus rare. Explorer de nouvelles pistes, définir de nouveaux standards. Parce que nous ne creuserons pas la tombe de cette profession. Nous ne rejoindrons pas le club des fossoyeurs de la presse. Nous continuerons à nous battre aux côtés de ceux qui veulent continuer à croire à un journalisme de qualité. C’est plus qu’un souhait. C’est un serment !
Jean-François Leroy