Générique
– Titre original : Into the West
– Réalisateur : Mike Newell
– Scénario : Jim Sheridan, d’après le livre de Michaël Pearce
– Décors : Jamie Leonard
– Image : Tom Sigel
– Montage : Peter Doyle
– Musique : Patrick Doyle
– Interprétation :
– Papa Riley / Gabriel Byrne
– Kathleen/ Ellen Barkin
– Ossie/ Ciarán Fitzerald
– Tito/ Ruaidhrí Conroy
– Ward/ David Kelly
– Tracker/ Johny Murphy
– Bareller/ Colm Meaney
– Hartnett/ John Kavanagh
– l’inspecteur Bolger/ Brendan Gleeson
– le commissaire O’Mara/ Jim Norton
– Production : Jonathan Cavendish et Tim Palmer
– Distribution : MKL pour MK2 Diffusion
– Durée : 100 mn, couleur
Mise en scène
Les deux enfants de Papa Riley, Ossie et Tito, ont du mal à trouver leurs marques lorsque débute le film.
Celui-ci s’avère être un voyage à la recherche de leur identité, et de repères plus stables pour mener leur vie. Ossie et Tito sont conduits par Tir na nOg, le mystérieux cheval blanc qui les a adoptés, jusqu’à la tombe de leur mère, puis jusqu’à la mer où disparaît le cheval.
Jusque là, la petite famille ne se sentait à sa place nulle part : Papa Riley a quitté la vie nomade sans assumer sa vie de sédentaire, dans une cité très morne où le cheval est indésirable.
Ossie, le plus jeune de ses fils, s’interroge sur sa mère sans savoir qu’elle est morte le jour de sa naissance. Le cheval venu du " pays de l’éternelle jeunesse ", c’est son nom, le guide lui et son frère en une chevauchée effrénée. Ils peuvent ainsi assouvir le fantasme de se prendre pour des cow-boys : ils galoppent dans les paysages étendus de l‘ouest du pays (le titre anglais du film, Into the West, accentue d’ailleurs ce côté " western "), comme dans les films qu’ils regardent avidement à la télévision ou dans le cinéma qu’ils occupent pour une nuit. À moins qu’ils ne soient des indiens, car, cheminant sans le savoir sur les pas de leur mère, ils marquent le sol des signes que les leurs utilisent.
Ce qui permet à leur père, accompagné de Kathleen, qui n’a rien renié des coutumes de ses ancêtres, de les retrouver. Les deux garçons se défendent de l’ordre policier des sédentaires, et fuient également la loi sans autorité de leur père, impuissant à garder le cheval dans leur appartement. Lorsqu’ils arrivent à la mer, Ossie s’y noie un moment avec le cheval, et voit l’image de sa mère. Le voyage lui a permis de comprendre sa situation familiale, et a permis à la famille de retrouver ses coutumes pour vivre en harmonie.
Autres points de vue
Extrait du point de vue du Cahier de notes sur... p. 5 du début " Conte de fées (...) à " (...) des westerns que ces gosses adorent. "
Pistes de travail
Le Cheval venu de la mer combine, dans l’évocation du parcours des deux garçons et de leur cheval, plusieurs tonalités et plusieurs genres cinématographiques. Des éléments font parfois basculer le film du côté du documentaire (sur la vie des " Tinkers " et leurs difficultés face à l’incompréhension des sédentaires), ou au contraire vers le surnaturel (le statut du cheval reste mystérieux).
Le décalage, l’absence de limite entre réel et merveilleux rendent la lecture du voyage tout à fait plurielle : le film est un conte, un parcours allégorique, un voyage initiatique, un fantasme d’enfants, etc.
Les passages entre les différents registres s’opèrent de diverses manières, par des éléments scénaristiques (le cheval arrive d’on ne sait où avec le grand-père) ou purement visuels (il réapparaît dans les flammes de la roulotte à la fin). ce qui permet également de voir en quoi tout le film s’organise autour de la figure centrale de ce cheval symbolisant la liberté, la mère, la quiétude retrouvée, et sans doute d’autres images laissées à la liberté d’interprétation du spectateur.
Autour du film
Lorsque Le Cheval venu de la mer sort en 1993, Mike Newell a déjà réalisé sept longs métrages en Grande-Bretagne depuis La Malédiction de la vallée des rois en 1979. Dance with a stranger l’a fait connaître en France en 1985, lorsque le film a été présenté à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes.
Newell a connu un certain succès avec Avril enchanté sorti en 1992, juste avant la réalisation du Cheval venu de la mer, tourné en Irlande. Le film est une adaptation d’un roman de Michaël Pearce par Jim Sheridan, réalisateur du film Au nom du père. Mike Newell avait réalisé auparavant un film sur une autre communauté marginale que celle des " Tinkers " évoquée ici, celle des émigrés chinois en Grande-Bretagne, dans Soursweet en sorti en 1988, mais inédit en France. L’acteur Gabriel Byrne, qui interprète le père des deux garçons, véritables personnages centraux du film avec le cheval, a été révélé dans Miller’s Crossing des frères Cohen.
C’est avec son film suivant, Quatre mariages et un enterrement, que Mike Newell connaît son plus grand succès à ce jour. Sorti en 1994, c’est une comédie au style et au ton tout à fait différents de ses films précédents.
Civilisation et histoire
Les " Tinkers "
Les personnages principaux du film sont des " Tinkers ", des nomades irlandais qui ne sont pas des gitans, comme les nomades se trouvant en Europe continentale et même en Angleterre. Ils ont des origines et des coutumes différentes de ceux-ci. Les Tinkers se nomment eux-même les " Travellers ", les voyageurs. Ils refusent de se sédentariser, veulent rester libres. Ce sont des Irlandais de souche, ce qui n’empêche pas les autres irlandais de pratiquer un racisme primaire envers eux. Ils ont les mêmes noms, la même langue et la même religion que les sédentaires, mais leur pratique religieuse diffère cependant, notamment leur façon de rendre hommage aux morts. " Tinkers " signifie rétameurs, car ils ont historiquement pratiqué des petits métiers, depuis le Moyen ge où ils étaient déjà artisans ambulants (ferblantiers, maquigners, vanniers, musiciens, etc.). Leur origine est probablement très ancienne. Leur nombre s’est accru au cours des siècles, du fait des famines en Irlande notamment, poussant sur les routes ceux qui n’avaient plus rien. Aujourd’hui, les " Tinkers " sont parfois déstabilisés par la perte d’identité qui les menace.