"Carmen" de Bizet

, par  Mick Miel , popularité : 16%

Carmen, opéra-comique en quatre actes de Georges Bizet, sur un livret de Ludovic Halévy et Henri Meilhac, d’après la nouvelle éponyme de Prosper Mérimée, créé en 1875 à l’Opéra-Comique à Paris.

C’est Bizet lui-même qui a eu l’idée d’adapter la célèbre nouvelle de Prosper Mérimée pour la scène de l’Opéra-Comique, en dépit du scandale qu’a pu provoquer le sujet. La partition, commencée en 1873, est achevée l’année suivante. Le compositeur mourra quelques mois seulement après la première.

Le prélude fait entendre trois des célèbres motifs de l’opéra : celui qui accompagne la corrida au dernier acte, « la chanson du toréador » et le thème du destin.

L’histoire

Sur une place de Séville, vers 1830, un groupe d’enfants singe les militaires en train de relever la garde. Lorsque les cigarières sortent de la fabrique, Carmen paraît et chante une habanera (« l’Amour est un oiseau rebelle ») qui semble laisser le brigadier Don José de marbre. Avant de sortir, elle lui jette une fleur qu’il ramasse. Micaëla, une jeune paysanne de laquelle Don José semble amoureux, donne des nouvelles de sa mère au jeune homme. Une dispute éclate alors chez les cigarières. Carmen est arrêtée et séduit Don José qui la laisse s’échapper. Elle lui donne rendez-vous « près des remparts de Séville » sur un air de séguedille.

Dans une auberge qui sert de repaire aux contrebandiers, Carmen, Frasquita et Mercédès dansent et chantent une ronde bohémienne. Escamillo, le célèbre toréro, tombe sous le charme de Carmen et fait la roue (« chanson du toréador »). Don José, après avoir été quelque temps emprisonné pour avoir laissé évader Carmen, vient la retrouver. Celle-ci tente de le persuader ( duo : « La fleur que tu m’avais jetée ») de déserter pour elle. Le brigadier résiste. Mais quand Zuniga, son lieutenant, vient retrouver à son tour Carmen, Don José, qui le provoque en duel, est alors obligé de fuir avec les contrebandiers.

Le troisième acte se déroule dans la montagne. Don José souffre de l’inconstance de Carmen et regrette son engagement aux côtés de hors-la-loi. C’est maintenant au tour d’Escamillo de courtiser la jeune femme. Don José entend l’en empêcher par les armes. Les deux hommes sont séparés par les contrebandiers. Escamillo invite tout le monde à sa prochaine corrida. Carmen pousse Don José à partir avec Micaëla, qui les a rejoints. Il refuse de quitter la gitane et ne s’y résout que lorsque Micaëla lui a révèle que sa mère est mourante.

À Séville, la foule envahit les arènes. Avant de combattre, Escamillo échange des mots d’amour avec Carmen. Don José vient la supplier de recommencer une nouvelle vie avec lui. Elle refuse avec fierté en affirmant aimer le toréro. Don José la poignarde tandis que la foule acclame Escamillo.

Si l’œuvre ne connaît pas un échec retentissant, elle met cependant du temps à s’imposer, rencontrant le succès d’abord à l’étranger, avec des récitatifs ajoutés par Guiraud, avant de devenir l’œuvre phare du théâtre de l’Opéra-Comique et l’opéra le plus joué au monde. La partition doit une grande partie de sa fortune à sa couleur locale reposant sur l’utilisation de chansons et de danses espagnoles.

La forme originale de Carmen mêle morceaux musicaux et dialogues parlés, comme il est alors d’usage pour un opéra-comique (les œuvres entièrement chantées étant réservées à l’Opéra de Paris). Différents thèmes traversent la partition, liés à des personnages ou à une idée, comme le sombre motif réapparaissant à chaque évocation du tragique destin de l’héroïne. L’œuvre s’apparente en effet à une tragédie grecque, le personnage de Carmen étant devenu lui-même un véritable mythe. Figure de l’amour libre, comme le sera Louise quelques années plus tard, dans l’opéra éponyme de Gustave Charpentier (1900), Carmen a fait souffler sur les scènes lyriques un vent de sensualité quasiment inconnu.

ACTE TROISIÈME

Deuxième Tableau

Scène II. Carmen, Don José

Duo final

Carmen [bref] : C’est toi !

José : C’est moi !

Carmen : L’on m’avait avertie que tu n’étais pas loin, que tu devais venir ;l’on m’avait même dit de craindre pour ma vie ;mais je suis brave ! je n’ai pas voulu fuir !

José : Je ne menace pas ! j’implore... je supplie !
Notre passé, Carmen, notre passé, je l’oublie !... Oui, nous allons tous deux commencer une autre vie, loin d’ici, sous d’autres cieux !

Carmen : Tu demandes l’impossible !Carmen jamais n’a menti ! Son âme reste inflexible ; entre elle et toi... c’est fini ! Jamais je n’ai menti !entre nous c’est fini !

José : Carmen, il est temps encore,oui, il est temps encore... O ma Carmen, laisse-moi te sauver, toi que j’adore,ah ! laisse-moi te sauver et me sauver avec toi !

Carmen : Non ! je sais bien que c’est l’heure, je sais bien que tu me tueras ; mais que je vive ou que je meure, non, non, non, je ne te céderai pas !

José : Ah ! il est temps encore... oui, il est temps encore...O ma Carmen, laisse-moi te sauver, toi que j’adore !
ah ! laisse-moi te sauveret me sauver avec toi...O ma Carmen, il est temps encore... ah ! laisse-moi te sauver, Carmen, ah ! laisse-moi te sauver,toi que j’adore ! Et me sauver avec toi !

Carmen : Pourquoi t’occuper encore d’un coeur qui c’est plus à toi ! Non, ce coeur n’est plus à toi !En vain tu dis : je t’adore ! Tu n’obtiendras rien, non, rien de moi,ah ! c’est en vain... Tu n’obtiendras rien, rien de moi !

José [avec anxiété] : Tu ne m’aimes donc plus ?
Silence de Carmen et don José répète [avec désespoir]
Tu ne m’aimes donc plus ?

Carmen [simplement] : Non ! je ne t’aime plus.

José [avec passion] : Mais moi, Carmen, je t’aime encore,Carmen, hélas ! moi, je t’adore !

Carmen : A quoi bon tout cela ? que de mots superflus !

José : Carmen, je t’aime, je t’adore ! Eh bien ! S’il le faut, pour te plaire, je resterai bandit... tout ce que tu voudras... Tout ! tu m’entends... tout, tu m’entends... tout ! Mais ne me quitte pas, o ma Carmen ! ah ! souviens-toi,
souviens-toi du passé ! Nous nous aimions, naguère ! [désespéré]Ah ! ne me quitte pas, Carmen,ah ! ne me quitte pas !

Carmen : Jamais Carmen ne cédera ! Libre elle est née et libre elle mourra !

Choeur et fanfares dans le cirque, Viva !
Viva ! la course est belle ! Sur le sable sanglant le taureau qu’on harcèle s’élance en bondissant... Viva ! Viva !

Pendant ce choeur, silence de Carmen et de don José... Tous deux écoutent... En entendant les cris de : Victoire, victoire!'' Carmen a laissé échapper unAh !’’ d’orgueil et de joie... Don José ne perd pas Carmen de vue... Le choeur terminé, Carmen fait un pas du côté du cirque.

José se plaçant devant elle :Où vas-tu ?

Carmen : Laisse-moi.

José : Cet homme qu’on acclame,c’est ton nouvel amant !

Carmen voulant passer : Laisse-moi... laisse-moi...

José
Sur mon âme,
Tu ne passeras pas,
Carmen, c’est moi que tu suivras !
Carmen
Laisse-moi, don José, je ne te suivrai pas.
José
Tu vas le retrouver, dis...
[avec rage]
tu l’aimes donc ?
Carmen
Je l’aime !
Je l’aime et devant la mort même,
je répèterais que je l’aime !
Fanfares et reprise du Choeur (AB) dans le cirque
Viva !
Choeur (ST)
Bravo !
Choeur (SATTB)
Bravo ! victoire !
Frappe juste en plein coeur !
Le taureau tombe !
Choeur (TTB)
Gloire !
Choeur (SAATB)
Gloire au torero vainqueur !
Victoire !
José [avec violence]
Ainsi, le salut de mon âme
je l’aurai perdu pour que toi,
pour que tu t’en ailles, infâme,
entre ses bras rire de moi !
Non, par le sang, tu n’iras pas !
Carmen, c’est moi que tu suivras !
Carmen
Non, non ! jamais !
José
Je suis las de te menacer !
Carmen [avec colère]
Eh bien ! frappe-moi donc, ou laisse-moi passer.
Choeur (B)
Victoire !
Choeur (TB)
Victoire !
Choeur (ATB)
Victoire !
Choeur (SAATB)
Victoire !
José [éperdu]
Pour la dernière fois, démon,
veux-tu me suivre ?
Carmen
Non ! non !
[à demi voix, avec rage]
Cette bague, autrefois, tu me l’avais donnée...
Tiens !
elle la jette à la volée
José le poignard à la main, s’avançant sur Carmen
Eh bien ! damnée !
Carmen recule... José la poursuit... Pendant ce temps fanfares et choeur dans le cirque
Choeur (TB)
Victoire !
Choeur (SA)
Victoire !
Choeur (TB)
Bravo !
Choeur (SA)
Bravo !
Choeur (SAATTBB)
Ah !
Choeur (SATB)
Toréador, en garde !
Toréador ! Toréador !
Et songe bien, oui, songe en combattant
qu’un oeil noir te regarde
et que l’amour t’attend,
Toréador, l’amour t’attend !
José a frappé Carmen... Elle tombe morte... Le vélum s’ouvre. La foule sort du cirque.
José [se levant]
Vous pouvez m’arréter... c’est moi qui l’ai tuée !
Escamillo paraît sur les marches du cirque [entouré de la foule qui s’acclame, entr’elle Mercédès, Frasquita, Zuniga, Andrès. Escamillo aperçoit Carmen étendue morte par terre].
Ah ! Carmen ! ma Carmen adorée !
Rideau
Fin de l’Opér

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