C’est le troisième et dernière séance de collège au cinéma. Nous avez découvert cette année trois films très différents … et surtout vous y avez un peu travaillé dessus, c’est-à-dire que vous avez été un peu au-delà dans un cadre scolaire en cherchant à comprendre et en justifiant votre point de vue sur chacun d’eux..
Ce dernier film est un classique, en noir et blanc forcément ! Rassurez-vous il y a du son... « Le voleur de bicyclette » a été réalisé en 1948 par Vittorio De Sica. A cette époque, celui-ci n’est pas un inconnu, il a été acteur de Théâtre, puis de cinéma et a déjà réalisé des films importants. Ce film a été fait avec assez peu de moyens et dans les conditions particulières sur lesquelles il faut s’arrêter un moment. En 1948 l’Italie vient tout juste de sortir de la guerre, elle est du côté des vaincus et il faut tout reconstruire, y compris une vision du monde. Un groupe de cinéastes italiens qu’on appellera les « néoréalistes », va alors révolutionner le cinéma mondial par une certaine façon de faire du cinéma. Vittorio De Sica en fait partie et le « Le voleur de bicyclette » en est un classique. Le courant néoréaliste cherche une vérité documentaire qui rompt avec les schémas traditionnels et avec l’idée d’un cinéma d’évasion visant à s’échapper du réel : il s’agit au contraire pour ces cinéastes de filmer la « vraie vie » – notamment celle des laissés-pour-compte de l’Italie de l’époque. Nous avions déjà parler de cette démarche avec le film précédent Gente de bien. Là aussi, les acteurs ne sont pas des professionnels. Les personnages des films néoréalistes sont des antihéros interprétés donc par des comédiens bien éloignés de la logique de star-system, des hommes de la rue auxquels le public de l’époque peut s’identifier. En filmant les mésaventures d’un misérable ouvrier dans la Rome de l’immédiat après-guerre et le quotidien misérable d’une famille prolétaire Vittorio De Sica ne raconte pas qu’une histoire, il fait en réalité aussi un tableau plus général de la société italienne au lendemain de la Seconde Guerre. Le titre français est trompeur à ce propos. Le titre original en Italien est « Ladri di biciclette », ce qui veut dire « Voleurs de bicyclettes », renvoie à une dimension plus large, celle des trafics de la rue.
Quelques pistes : Vous allez découvrir Rome de l’époque. Soyez attentifs à toutes les situations, à tous les personnages très typiques de l’époque, à tous les lieux dans la mesure où, comme je viens de le dire, il y a quelque chose de documentaire dans ce film. Et puis, il y a l’enfant qui accompagne le père dans sa recherche du vélo. Quel est son rôle ? Il y a une nette référence à Charlie Chaplin, à quel film en particulier ? Le dernier plan du film n’est pas sans évoquer la fin de Gente de bien. Mais, ce sera à vous de voir si cela veut dire la même chose.
Pour finir, « Le voleur de bicyclette » est un classique, comme je vous l’ai dit à plusieurs reprises. J’espère que vous partagerez cette opinion. Mais qu’est-ce qu’un classique ? Un film qui parle à tout le monde, partout et tout le temps ? Voici ce que dit le grand cinéaste chinois Jia Zhang-Ke, (A Touch of Sin, Au-delà des montagnes, ... )Cahiers du Cinéma n°700, mai 2014 « Depuis que j’ai vu Le Voleur de bicyclette, je suis convaincu que les hommes sur cette terre ont bien plus de points communs qu’ils n’ont de différences, et que la possibilité de se comprendre entre cultures est bien plus grande que la possibilité de se méprendre. »
Voici quelques critiques trouvées en ligne :
– https://www.senscritique.com/film/Le_Voleur_de_bicyclette/critique/157676715
– https://www.senscritique.com/film/Le_Voleur_de_bicyclette/critique/11223148