Odi recracha son petit-déjeuner à la fin de la phrase du garde.
– Pardon ? demanda t-il au garde.
– Les écuyers sont arrivés, répéta t-il.
– Déjà ?
Cardyô ne laissa pas le garde lui répondre :
– Ou sont-ils ?
– Sur la place du marché, répondit le garde.
– Merci beaucoup de nous avoir prévenus, soldat. Retournez à votre poste.
Le garde partit et Cardyô ferma la porte.
– Tu as fini, Odi ? demanda t-il.
– Euh... Oui, répondit-il.
– Alors allons-y, dit Cardyô sur un ton enthousiaste.
Il sortirent de la maison et se dirigèrent vers la place du marché.
Arrivés à la place, une escorte de quatres gardes royaux entouraient les quatres autres écuyers.
Odi interrogea Cardyô :
– Qui doit éduquer le quatrième écuyer ?
– Moi, répondit Cardyô.
– Pourquoi il n’y a que nous qui pouvons éduquer un écuyer ?
– A part vous, aucune personne dans le village n’est assez doué pour apprendre.
Odi vit Clara et Ido face aux écuyers.
– Bonjour ! dit-il joyeusement.
– Salut ! dirent Clara et Ido.
Les quatres héros se positionnèrent en ligne, face aux écuyers. Il y avait deux filles et deux garçons.
Ido demanda à l’escorte :
– Comment allons-nous les choisir ?
– Ce n’est pas vous, répondit un garde qui semblait être le chef, mais eux qui vont vous choisir.
Odi transpirait et tremblait. C’était la première fois qu’il allait éduquer un enfant, et ça lui faisait peur. Ces enfants semblait tous gentils, ils cachaient un large sourire. Il observa Clara. Elle avait un sourire radieux, presque les larmes aux yeux.
Ido avait un visage dur, mais Odi était sûr que au fond de lui, il éclatait de joie.
Cardyô était neutre, et Odi pensa qu’il devait être calme, vu qu’il avait connu la même chose avec Ido.
Mais Odi remarqua que un des enfants aux cheveux noirs semblait méchant. Ce dernier lui lança un regard noir.
Tout les écuyers étaient habillés d’une tunique de cuir marron bordée de vert.
– Commençons par les filles, déclara le chef de l’escorte.
Une première petite fille aux longs cheveux blonds attachés s’avança devant les quatres guerriers.
Elle hésita deux secondes avant de trottiner vers Clara :
– Comment t’appelles-tu ? demanda cette dernière.
– Redya, répondit la petite fille blonde.
– Moi, c’est Clara, dit celle-ci.
Une autre petite fille s’avança. Elle avait des longs cheveux marrons attachés. Elle avait un visage doux, et des yeux verts pétillants.
Elle regarda Ido, Cardyô, puis s’arrêta sur Odi. Elle le fixa pendant quelques secondes, puis trottina vers lui.
Odi s’accroupit et lui dit :
– Comment t’appelles-tu ?
– Je m’appelle Slokya, dit-elle timidement.
– Moi, je m’appelle Odi.
Il lui adressa un sourire que la petite fille lui rendit. Dans son regard, Odi sentait un mélange d’admiration, de fascination et de courage.
– Quel âge ont ces enfants ? demanda Cardyô.
– Ils ont tous dix ans, répondit le chef de l’escorte. Aux garçons, maintenant.
Les deux garçons s’avancèrent. Le premier avait des cheveux coupés ras marrons, et des yeux bleus. Il semblait hésiter entre Ido et Cardyô, puis il finit par trottiner vers Cardyô.
– Comment tu t’appelles ? demanda ce dernier.
– Digyô, répondit l’enfant.
Cardyô avait un large sourire, que l’enfant semblait vouloir recopier.
Le dernier enfant, l’air méchant et aux cheveux noirs, sans avoir le choix, se dirigea vers Ido. Il lui adressa un sourire, que ce dernier lui rendit.
Le chef de l’escorte prit la parole :
– Bien. Vos écuyers vont on donc choisi. Tachez d’en faire de bon guerrier, afin qu’ils défendent le Royaume justement. Et n’oubliez pas de ne pas trop vous attachez à eux, ce ne sont pas vos enfants.
Odi pensa :
"Je m’en fiche de leur règles, c’est la première fois que j’éduque un enfant, et j’y mettrais tout mon coeur."
Il regarda Clara, Ido, et Cardyô avec un grand sourire. Eux aussi le regardaient de la même façon.
Il semblaient avoir la même pensée que lui.
Odi rentra chez lui en compagnie de son écuyère.
– Dis-moi, Slokya, demanda Odi. As-tu des parents ?
– Je ne sais pas, répondit Slokya. J’ai grandi sans eux, c’est un oncle éloigné qui m’a élevée. Je ne l’aimais pas, il était méchant avec moi.
– Et comment t’est-tu retrouvée avec moi ?
– Il y avait un recrutement d’écuyer, organisé à Lap-Dyâ. Je me suis présentée sans l’autorisation de mon oncle, et j’ai été choisie. Pendant deux jours, j’ai séjourné à Afrekyâ avant d’être envoyée ici.
Odi remarqua que cet enfant parlait presque sans hésitation, d’une voix claire, signe pour lui d’une grande pureté. Cela le rassura.
Ils arrivèrent chez lui. Odi ouvrit la porte à Slokya. Elle s’exclama :
– Wouah ! Comme c’est grand chez vous, maître !
– Appelle-moi Odi, et surtout, tutoie-moi, je déteste qu’on me vouvoie.
– Mais les règles sont...
Odi l’interrompit :
– Je me fous de leurs règles. J’ai été chargé de t’apprendre le maniement des armes, mais je compte faire bien plus.
– Que comptez-vous... euh, non... Que comptes-tu faire ?
– T’éduquer, te parler, te considérer comme ma fille. Pas comme un simple porc destiné à l’abattoir. Compris ?
Sloka acquiesça d’un hochement de tête.
Odi regarda son horloge à eau, regarda Sloka avec un sourire malicieux.
– Il est onze heures du matin. Tu as faim ? demanda t-il.
– Non, répondit Slokya.
– Alors allons t’entraîner.
Il se dirigèrent vers la caserne, située au centre du village. C’était un grand bâtiment de pierre. Au rez-de-chaussée, il y avait des vestiaires. Odi et Slokya montèrent au premier étage. Celui-ci était plus intéressant : toutes sortes d’armes diverses et variées étaient accrochés aux murs. Au grand étonnement d’Odi, Slokya choisit une épée qui faisait sa taille.
– Prend en une plus petite, ordonna Odi.
Slokya s’exécuta et prit une épée plus petite.
– Prends-tu un bouclier ? demanda Odi.
– Euh... hésita Slokya. Oui, j’en prends un.
– Va choisir une armure maintenant.
Avant d’aller au deuxième étage, Odi prit une épée.
Au deuxième étage, toutes sortes d’armures étaient positionnées sur des mannequins de bois. Slokya en choisit une à sa taille, en cuir. Odi ne prit aucune armure.
– Bien. Maintenant, allons voir ce que tu vaux.
Il montèrent au dernier étage, ou il y avait une arène d’entraînement. L’un et l’autre se positionnèrent aux cotés opposés.
– Commençons, dit Odi.
Ils s’avancèrent tout les deux, et ils s’échangèrent des coups d’épées pendant quelques secondes. Les épées s’entrechoquaient rapidement.
Odi s’étonna du maniement de l’épée de son écuyère. Il resta malgré tout calme et il ne faiblit pas. Il n’avait pas de bouclier, mais il arrivait quand même à se défendre.
Mais sans que Odi le voie venir, Slokya tenta un enchaînement. Odi, sans hésitation, fit lui aussi un enchaînement. Ce fut lui qui gagna le duel. Il plaça la pointe de son épée sur la gorge de Slokya quand elle était à terre.
Slokya semblait avoir les larmes au yeux, mais elle se domina. Odi se dégagea et tendit sa main à son écuyère.
– Allez, on continue, lui dit-il avec un sourire encourageant.
Il se replacèrent aux cotés opposés et recommencèrent l’entraînement. Il se battirent pendants quelques secondes quand une énorme explosion retentit.
Slokya paniqua :
– Qu’est-ce que c’est, Odi ?
Il réfléchit à toute vitesse. Puis il dit à Slokya :
– Descendons. Vite !
Slokya répéta sa question :
– Qu’est-ce que c’est ?
Odi attendit d’être en bas pour lui répondre. Enfin dehors, il contempla la colonne de fumée qui s’élevait dans le village.
Slokya regarda attentivement Odi.
– Qu’est-ce qui se passe ? répéta t-elle.
– Tiranyôr nous attaque.