Dans le cadre du 28ème Festival International de photojournalisme, Visa pour l’image, à Perpignan, un cliché a attiré mon attention cette année.
Au milieu de la route, dans la grisaille, un homme en pantalon et tee-shirt se dresse devant nous. Il enserre et embrasse un enfant. On a le sentiment d’un soulagement par le baiser réconfortant. Contre une pluie battante, il semble n’avoir pour toute protection qu’un sac poubelle. Il est comme sorti de la brume, d’un enfer qui se trouve derrière lui, derrière eux. Les vêtements clairs de l’enfant contrastent avec les couleurs froides de la scène. Cette focalisation m’interpelle. Pour moi, cette prise de vue rassemble les nombreuses atrocités par lesquelles passent les réfugiés, les migrants, et dont témoignent moult photos de l’exposition 2016. Qu’elles soient physiques ou morales, les souffrances sont là, certaines moins visibles que d’autres mais elles existent tout autant. La ligne blanche de la route est comme un fil fragile qu’il faut suivre et qui montre le chemin parcouru : quitter son pays, abandonner ses proches, ses repères, parfois sa langue, pour continuer d’affronter la vie et proposer un avenir meilleur à son enfant.
C’est comme si le photographe conduisait ces personnes à nous. Comment les accueillir ? Qui vont-elles rencontrer ? Quels sentiments vont-elles susciter ? La haine de l’étranger ? Des élans de solidarité ? Mes yeux de « spectateur » sont face à elles, comme si j’étais, moi, sur cette route. Le choix de cet homme est exemplaire car il s’arme de courage pour lui et son enfant.
Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir : pour eux et pour nous, citoyens du monde : se construire une vie dans le respect de l’autre.
Je trouve que par cette photo de septembre 2015 prise en Grèce, le photographe Yannis Behrakis immortalise l’espoir car l’homme de la photo est en marche.
J’ai choisi cette photo car elle me fait réfléchir. Comment les accueillir ? Qui vont-ils rencontrer ? Quels sentiments vont-ils susciter ? La haine de l’étranger ? Des élans de solidarité ?
En tout cas, elle me fend le cœur !