Nouvelle écrite par Nicolas Grieu.
– Quelques temps plus tard , je fus amené à revenir dans la petite ville d’Ille sur têt.
Quand j’arrivais à Ille , une étrange peur m’envahit lorsque je descendis de la calèche qui m’avait amené . Je vis à peine le panneau de la ville et je restai au moins dix minutes devant celui-ci, la ville était plongée dans le brouillard et je me remémorai la dernière fois que j’étais venu .
A l’époque il y avait un grand soleil et plein de gens dansaient et mangeaient entre les remparts et la place du jeu de paume, juste en face de l’auberge où je dormais et où je jouais avec Alphonse avant qu’il fût assassin .
Mais maintenant, alors que je m’avançais dans Ille, je vis toutes les fenêtres et les portes fermées à clef. Les gens dans les maisons n’allumaient aucune bougie ni lampe pour s’éclairer ... Comme si tout le monde avait déménagé. Il régnait un climat de peur et on sentait la mort rôder.
Seule la petite auberge était éclairée par une faible lumière. Quand je poussais la porte de l’auberge tous les regards se tournèrent vers moi et ce fut le silence. J’en avais des sueurs froides. Je m’approchai du comptoir et commandai un verre. C’est à ce moment-là qu’un ivrogne s’approcha de moi et me parla d’un fait étrange qui s’était produit dans un village un peu plus haut dans la montagne.
D’après son récit, il y avait des personnes qui disparaissaient pendant les nuits de pleine lune et dont on ne retrouvait jamais les corps. Il s’agissait toujours d’adolescents ou de jeunes adultes. A ce moment-là je n’écoutais déjà plus son histoire et je me mis à boire un deuxième verre, puis encore un et encore un autre ...
Quand je sortis de l’auberge j’étais saoul mais étrangement apeuré. Je vis l’ivrogne sous le porche, il ne bougeait plus, je pensais qu’il dormait mais en m’approchant je vis que ses boyaux gisaient à côté de son corps, son visage était plein de griffures et une marque de morsure apparaissait dans son cou.
Je me mis à courir et m’enfermais chez moi, persuadé que l’ombre que j’avais aperçue me poursuivait. Je me couchai et aussitôt m’endormis. Aucun rêve ni cauchemar ne vint me perturber cette nuit-là. Le lendemain matin, en me réveillant j’avais toujours le souvenir de ce corps mutilé. Je pensais que c’était dû à l’alcool et que j’avais tout imaginé, mais l’arrivée de la police enlevant le corps me glaça d’effroi.
Je décidai donc de monter dans ce petit village où tout avait commencé. Ce village se nommait Montalba le château. Il était situé à une dizaine de kilomètres d’Ille, au milieu des vignes et des forêts de pins. C’était un endroit magnifique où régnait un calme paisible. Pour résoudre ces mystères je décidai de rester quelques mois à Montalba. Ce village m’attirait et m’apaisait.
Les premières semaines furent calmes, rien ne se produisait. J’avais sympathisé avec beaucoup de monde et surtout avec une jeune femme prénommée Elisabeth. Elle était belle et douce et nous étions amoureux l’un de l’autre. Elle me rassurait toutes les nuits où je faisais des cauchemars. Jusqu’à cette nuit de pleine lune où ce fut le drame.
J’avais passé ma soirée en sa compagnie et nous nous étions promis de nous marier. Cette nuit-là je dormis d’un sommeil profond. Au petit matin des coups frappés à ma porte me réveillèrent, je me sentais plein de vie mais stressé . On m’avertit qu’Elisabeth avait disparu ...
Nous passâmes la journée à sa recherche. Les villageois me racontèrent alors la légende de cette famille bannie du village, après avoir été suspectée des meurtres de la pleine lune. Qui pouvait avoir ramené cette malédiction sur le village ?
Les recherches furent vaines et je décidai d’aller dans notre refuge secret afin de laisser exploser ma peine. Dès mon arrivée, je restai pétrifié devant cette vision d’horreur, Elisabeth sans vie me rappela la mort de l’ivrogne.
Afin de comprendre ce qui se passait et pour venger sa mort, je n’avais rien d’autre à faire que de me plonger dans l’histoire du village afin d’élucider ces meurtres. Après avoir lu tous les ouvrages relatant la vie du village et de sa malédiction tout devint clair. L’ivrogne avait découvert la vérité ...
Une seule solution s’imposait : il fallait arrêter les massacres du monstre un soir de pleine lune, il devait mourir par le feu. Mais pour cela il me fallait l’aide de tous les villageois, car je ne pouvais pas le faire seul : je devais mettre fin à mes jours ...
En effet j’étais le monstre qui terrorisait tout le village. Je réfléchis quelques heures sur ma situation, sur ce que j’allais devenir. D’un coup, une idée me vint .J’allais vite voir le maire et lui proposais mon offre. Le maire et tout le village étaient d’accord. Il me fallait une cage que le forgeron commença à me fabriquer.
Le soir suivant de pleine lune, les villageois m’enfermèrent dans cette cage, la nuit passa . Le lendemain matin, quand je me réveillai , la cage était pleine de griffures , mais personne dans le village n’était porté disparu. Tout se passa très bien jusqu’à cette nuit catastrophique où les gens oublièrent de fermer ma cage à clef …les massacres avaient recommencé. Dès cet instant, j’entrepris de me suicider, c’était la dernière chance de sauver le village. Je montai alors en haut de la tour du château et sautai.
Pourtant, les villageois l’appréciaient, ils dressèrent à son attention une chapelle ardente où son corps fut placé à côté d’Elisabeth dont la famille possédait la Vénus d’Ille. La malédiction fut stoppée, le village pouvait à présent vivre en paix à nouveau .