Les statues se révoltent

, par  Mick Miel , popularité : 10%

Nouvelle écrite par Nicolas JAMMES

Quelques temps plus tard, je fus amené à revenir dans la ville d’Ille sur Têt. On avait fouillé plus profondément le sol où l’on avait trouvé la Vénus et découvert le reste du Panthéon romain. Je fus donc convié à nouveau dans le magnifique domaine de Peyrehorade. Le voyage fut long et fatiguant. Je mis une semaine et deux jours ; ces neuf jours furent chaotiques et harassants. J’arrivai de nuit dans la ville d’Ille. La rue des Aspres avait la même prestance que la dernière fois. Je fus accueilli à bras ouvert par le père Peyrehorade, comme si je faisais partie de la famille .Je tenais à peine debout tellement la fatigue pesait sur mes épaules. Je m’écroulais sur le lit et dormis comme jamais .Le lendemain, je fus réveillé par le chant du coq ; quelques heures plus tard, j’examinais les statues. Elles étaient (littéralement) « divines » de beauté. Elles représentaient tout le panthéon romain :Jupiter ,Neptune ,Pluton ,Junon ,Vesta ,Cérès ,Apollon ,Diane ,Mercure ,Minerve ,Vulcain, Mars et Bacchus. Elles portaient toutes des inscriptions (un point de plus avec la Vénus) qui vantaient toutes leurs qualités comme la stratégie militaire pour Minerve ou la force brute pour Mars. J’étais tellement absorbé par mes recherches que je ne vis la journée passer .Le soir vint très vite et je m’endormis inquiet car si ces statues avaient les mêmes pouvoirs que la Vénus, qui avait été fondue pour en faire la cloche de la mairie , alors il fallait s’attendre à d’ autres assassinats.

Je me réveillai en sursaut, sentant que je ne me rendormirais pas de la nuit, je décidai d’aller me promener dans Ille. Soudain, alors que je parcourais la rue de la Muraille, j’entendis un cri de terreur en provenance de la Place du jeu de Paume. Je courus voir ce qu’il se passait .Je ne vis qu’une ombre portant un casque de gladiateur, mais cette ombre, du peu que je vis, n’était pas banale : elle réfléchissait la lumière .Me doutant que l’agresseur était parti, je courus secourir la personne qui venait de crier .Ce que je voulais secourir, finalement, n’avait plus rien d’humain, la chose que je vis devant moi était à moitié entre la bouillie et la soupe ! J’eus du mal mais je reconnus Jean Coll. Cela me donna la chair de poule. Qui avait bien pu commettre un massacre comme celui-là ? Ne voulant pas rester sur les lieux du crime, je pris mes jambes à mon cou et partis en direction de mon lit .En traversant le luxueux domaine de monsieur Peyrehorade, je vis qu’il manquait une statue de bronze : celle de Mars .Cela ne fit que redoubler l’envie de retourner dans mon lit car j’avais très peur.
Le lendemain, toute la ville était en ébullition suite à l’assassinat de Jean Coll, qui était un joueur de paume réputé dans le département. Je sortais pour aller faire une course, je m’étais porté volontaire, lorsque je vis, à quelques mètres de moi, sous un saule pleureur, la statue de Mars couverte de sang ! Elle se mit à courir ! Je me frottais les yeux mais ce n’était une hallucination ! Je la suivis, nous nous dirigeâmes vers un artisan maçon. Nous arrivâmes, le maçon avait à présent le même statut et le même état que Jean Coll. Ce n’était pas le centre-ville mais presque .Les gens ne tarderaient pas à arriver. Puis je vis la statue tomber dans un bassin rempli d’acide pour polir les pierres. C’est alors que j’eus une idée. La statue, comme je venais de le constater, s’était dissoute en moins de temps qu’il n’en fallait pour dire « ouf » donc les autres ne mettraient pas trop de temps non plus car le bronze résiste mal aux liquides corrosifs. Donc je pris commande de plusieurs de ces tonneaux et fus livré dans l’heure. Une fois que j’eus déversé de l’acide autour des statues pour limiter les risques de fuite, je vidais le reste de l’acide sur celles-ci. Quelques minutes plus tard il ne restait que quelques grains de poussière de ces abominations antiques.

Je me couchais tranquillement pour mon dernier jour chez les Peyrehorade lorsqu’en regardant par la fenêtre, dans la pénombre, je vis les statues intactes .Je crus que j’allais tomber tellement j’étais surpris. Je descendis précipitamment les escaliers .Elles n’y étaient plus.
Mais avaient-elles au moins existé ?

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