Petit début d’une grande autobiographie...

, par  Marie Canal , popularité : 11%

J’ai encore du mal à me convaincre qu’après être née, j’ai grandie. Et pourtant, tellement de temps a passé et de choses se sont réalisées. Tellement d’épreuves, de rires, de joies... Tellement de vie !

Oui, j’ai encore du mal à me convaincre qu’après être née j’ai grandie.
Quelques fois, je rêve du début de mon existence. Trois ans au compteur, la tétine dans la bouche et un gros doudou en forme de dauphin dans les bras, je n’ai aucun soucis que celui d’aimer plus fort encore ma peluche. Comme je la trouve belle et moelleuse !!!

Je suis dans la grande maison familiale, dans ma chambre exactement... Je sens la couette qui me recouvre et les draps doux et chauds qui me bordent. Je viens de me réveiller. Quelques minutes de douceur plus tard je décide de me lever, impatiente de croquer la vie à pleines dents. L’odeur sucrée et rassurante du chocolat chaud vient me caresser les narines lorsque encore quelque peu ensommeillée je rentre dans la cuisine. Mon dauphin, que j’ai trainé depuis ma chambre me suit toujours en bon compagnon fidèle.

A son habitude, ma maman m’attend dans la cuisine et vient m’embrasser lorsque j’y entre puis elle m’annonce une grande surprise. De quoi parle-t-elle ?
Tournant la tête lentement j’inspecte la pièce : toujours la même que la veille. La table de bois ronde au milieu, le grand placard au portes sculptées sur ma droite et le frigidaire à ma gauche, puis, la fenêtre... Quelle beauté !!! J’aperçois l’épais lit de neige, si blanche et si pure ! La lueur des flocons m’interpelle.

Un bonheur sans égal me percute. De la neige ?! Jamais je n’en avais vu, jamais je n’avais pu la toucher. Impatiente de la tenir entre mes petits doigts fins je file directement vers la porte-fenêtre, courant et criant. Mais ma mère me rattrape.
Après un bain, un petit déjeuner et deux crises de nerf, je suis enfin autorisée à sortir et à explorer l’immense terrasse. Elle est magnifique. Je me précipite dehors et je m’aperçois qu’il fait très froid.

De fragiles petits flocons viennent se poser délicatement sur le sol. Ils scintillent tels des millions de petits joyaux, une avalanche de diamants. J’en prend une poignée en faisant bien attention à ne rien gâcher du paysage qui s’offre à moi. Comment a-t-elle put ??! Au bout de quelques secondes, la poudreuse a disparu, elle s’est volatilisée !!! Entre mes doigts je n’ai plus que de maigres gouttelettes d’eau gelée. Quelques expériences plus tard je trouve les petits flocons et leurs disparitions inexpliquée joyeux et marrants.

Ma maman m’a suivi. Elle aussi s’est bien couverte pour affronter cette température hivernale. Nous passons un moment très agréable dans la neige. Elle m’apprend différent jeux très marrants. Sans que je m’en aperçoive, le chien nous a suivi. Je m’amuse à lui jeter quelques boules de neige dessus.

La matinée passe très rapidement et, l’après-midi, je décide de faire un bonhomme de neige. Je dédie toute mon attention a lui poser un vieux chapeau, des boutons et une carotte. Enfin, j’essaye. Une fois ma tache achevée je juge mon personnage splendide. Il ressemble tellement a celui que j’ai vu dans mon livre d’images ! Fière de mon œuvre j’appelle ma mère et le chien pour la leur montrer. Je leur présente le bonhomme de neige avec beaucoup de joie ! Ma maman me sourie en voyant mon bonheur et je crois même voir Babou, le chien me faire un clin d’œil. Surement une hallucination car en quelques secondes, il a détruit mon travail. Le sauvage animal s’est approché du tas de neige lentement, ralenti par l’épaisseur du tapis et s’est soulagé dessus. Ainsi, Babou, mon légendaire compagnon a anéanti mon nouvel ami. Car les flocons que j’avais trouvé si beaux ont fondu à la chaleur. La seule trace de leur existence n’était plus qu’un grand trou dans l’épaisseur de la neige.

Je pense l’avoir vécu comme une histoire traumatisante et tragique à la hauteur de la petite fille de trois ans que j’étais. Depuis je m’en suis un peu remise.
Malgré plusieurs expériences plus ou moins désagréables que celle-ci, je pense que cette période est surement la meilleure de ma courte vie. L’age auquel j’avais le moins de doutes et le plus d’ambitions, celui ou j’avais surement plus de rêve que je n’en aurai jamais. Je me rappelle aussi de grands sauts sur le grand parking de la gare du petit village à la senteur de pêche du sud de la France ou je suis né.
Je me souviens d’avoir fait le vœux de devenir astronaute. Encore un des faits que j’ai le plus de mal à expliquer mais mon plus grand espoir était, d’un jour, pouvoir traverser toute la galaxie, visiter les étoiles afin de toucher la lune. Mais, je ne voulais pas seulement la toucher. En vérité, je voulais aussi la ramener. Dommage que je ne me sois jamais posé la question de ce que j’en ferai une fois le satellite emprisonné et étouffé sur la petit planète Terre. Je n’en sais rien.
Mais, à l’époque, je ne m’en souciais guère et je sautais, toujours plus haut, avec toujours plus de puissance pour essayer d’attraper la lune. Peut-être un jour, mon rêve d’enfant se réalisera-t-il. Peut-être un jour, aurai-je la chance d’aller sur la lune et d’en rapporter un trophée. Je ne désespérerai pas.

Comme toujours et pour tout le monde le temps a passé, les années ont défilé. Certaines m’ont même échappées. Mais le temps passe et les souvenirs restent. N’est-ce pas ?

A en croire mon récit, on pourrait croire que tous mes souvenirs sont bons et insouciants. Surement plus que ceux de certains enfants.

Pourtant, dans mon enfance j’ai aussi connu la douleur.

Trouvez-vous normal que tout être, adulte ou enfant, homme ou femme, bon ou mauvais puisse être privé d’un proche, d’un parent, d’un ami, d’un amour ?! Je ne pense pas.

Je n’ai pas de père. Depuis mon plus jeune âge j’ai décidé que, quoi qu’il se passe je ne reconnaitrai pas en avoir un. J’y ai depuis longtemps renoncé.

Nombreux sont ceux qui penseront que cela fait de moi quelqu’un de plus faibles que les autres parce que, dans ce monde, à l’époque où nous nous trouvons, la différence est définie comme étant une faiblesse, une erreur de création, comme si nous étions des jouets et que l’un de nous ai été mal monté.

Je ne vois pas les choses de cette manière. La différence est une force. Elle nous aide à ne pas nous laisser aller à certains des clichés connus par certains d’entre nous, exploités et utilisés par beaucoup.

Ceux qui ont une quelconque forme de pitié, de colère, de dégout ou pire de haine envers ceux qui sont différents sont faibles. Ils ne sont simplement pas capables d’assumer ce qu’ils sont et se réfugient derrière certaines illusions. Souvent les gens rêvent à être comme tout le monde, à faire comme tout le monde. Certains s’y obligent même. Je suis consciente d’être très jeune pour avoir une opinion tranchée et sans contestation mais les personnes qui pensent ou disent ces paroles ne valent pas la peine d’être connues. Peut-être, par moment, ne sont-elles pas capable de s’affirmer ou simplement perdues.

Je suis convaincue que, étant enfant, nous n’étions surement pas comme nous sommes aujourd’hui. Nous avons grandi, n’est-ce pas merveilleux ? Si, certainement. Mais ne nous sommes nous pas trahis ? Ne sommes-nous pas devenus des marionnettes contrôlées très agilement par les blessures accumulées au fil des ans ? La vérité sort de la bouche des enfants.

Entant petite fille il m’est arrivé d’être trop spontanée. Voici un exemple de mes multiples exploits.

Un jour, ma mère avait réussi à m’entrainer aux vœux du maire. Je devais avoir environ cinq à six ans. Je venais d’endurer une longue série de discours politiques que j’avais trouvé très ennuyeux et lassants. Enfin, après une éternité de monologues que j’avais très vite jugés inutiles et, de toute manière, incompréhensibles, un des hommes a décidé de nous raconter des choses un peu plus intéressantes et, par dessus tout, intelligibles de tous. Il me faisait rire car il faisait différentes comparaisons drôles et il disait des blagues. Enfin un peu de divertissement ! Ce dernier était le bienvenu.

A la fin de son intervention, je riais aux éclats. C’est ainsi que, durant les quelques secondes coincées entre le discours de cet homme et les applaudissements, la fillette que j’étais a crié « Maman !!! Pourquoi ils ont invité un humoriste ?! ».

Évidemment, ma mère a connu à ce moment là une énorme honte et m’a fait taire car, sans que je le sache et en toute innocence, je venais de traiter le président du conseil général de rigolo.

Je vous avoue qu’encore maintenant, je trouve ma réflexion légèrement déplacée.
Mais, à ce moment là, n’ai-je pas seulement crié tout haut ce que certains des adultes présents dans cette grande salle pensaient tout bas ? N’ai-je pas seulement dit ce que je pensais ?

J’avais six ans et j’étais surement capable de plus de spontanéité que de nombreux adultes. Nous grandissons. Nous évoluons. Mais nous améliorons-nous ? Je n’en suis pas sure. Est-ce que la maturité ou la sagesse valent l’hypocrisie ou le mensonge de certaines personnes ?

A chacun de nous d’y réfléchir, a chacun de nous d’en décider.
Mon enfance est passée. Elle s’est achevée. Elle est maintenant terminée et j’ai passé beaucoup de temps à la regretter.

Aujourd’hui, treize ans, bientôt quatorze, j’entre dans la période si redoutée par les parents : l’adolescence.

Nombreuses sont les rumeurs sur cette périodes de nos vies. Soit disant, nous devrions devenir d’énormes monstres sans remords ni conscience. Le sommes nous ? Ou plutôt, avons-nous envie de donner raison à ces personnes s’offrant à volonté le droit de nous dicter notre avenir ; se donnant le droit de nous définir, se basant sur des idées toutes prêtes et cloisonnées ?

Pour ma part, malgré, peut-être quelques signes révélateurs de mon âge, je préfère me questionner. Il n’y a pas si longtemps la thématique de ma réflexion était « Si une bouteille contient de l’eau, alors la bouteille est un contenant et, de toute évidence, l’eau est son contenu. Mais, dans ce cas, quel est le contenant de la bouteille ? Car toute chose est forcée d’avoir un contenant. Non ? »
J’avoue ne pas avoir trouver de réponse. Après avoir interrogé mon entourage, les solutions que le monde me fournissait ne me convenaient pas. Très souvent, elles se basaient sur l’ignorance ou sur le tout.

« -Mais, qu’est-ce que le tout ?

Le tout est le contenant de l’univers »

Ce style de conversations ne m’avançait guère. Cette théorie se résumait à poser un nom sur le contenant de tous les contenus. Pourtant, elle ne me disait pas quel était le contenant de tout.

Devrais-je classer cette réflexion dans la catégorie « sans réponse » ? Surement, car c’est ce que j’ai été forcée de faire. Encore une fois, cette société, aussi cartésienne et scientifique soit-elle, m’avait déçue.

Est-ce ces fameuses déceptions qui nous font devenir le célèbre adolescent blasé et buté des magazines, des films ou des séries américaines ? Je n’espère pas.
Aujourd’hui je suis donc une jeune fille de treize ans qui est en troisième au collège Pierre Fouché à Ille sur Têt. Je suppose que je vais encore grandir, encore mûrir. Je suppose aussi qu’un jour, je devrai vieillir. Mais n’est-ce pas le cas de tout le monde.

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