"Le lait de la tendresse humaine" de Dominique Cabrera

, par  Mick Miel , popularité : 9%


Christelle, trente ans, travaille dans la région de Besançon. Elle vient de donner naissance à une fille, Cendrine, après avoir eu deux fils, Rémi et Cédric.
Christelle ne parvient pas à faire face à ce que cette naissance suppose comme remaniements. Elle s’enfuit de chez elle. C’est la voisine du dessus, Claire, une bibliothécaire, qui la recueille. Celle-ci prend soin de Christelle, l’écoute. Sa vie en sera bouleversée.
Laurent, le mari de Christelle, la recherche, interrogeant père, mère, soeur, amis. =

Casting complet

Réalisatrice : Dominique Cabréra

Acteur(s) :

Christelle : Maryline Canto

Laurent : Patrick Bruel

Claire : Dominique Blanc

Josiane : Valeria Bruni-Tedeschi

Jean-François : Jacques Boudet

Sabrina : Mathilde Seigner

Serge : Sergi Lopez

Marthe : Marthe Villalonga

Babette : Yolande Moreau

Jean-Claude : Olivier Gourmet

Dr Gérard Cafarelli : Claude Brasseur

Guy-Michel : Antoine Chappey

Scénariste : Dominique Cabréra, Cécile Vargaftig

Producteur : Philippe Martin

Production :

Les Films Pelléas, France

Les Films du Fleuve, Belgique

Glem Film, France

Equipe Technique

Compositeur :Béatrice Thiriet

Directeur de la photographie : Hélène Louvart

Producteur exécutif : Olivier Bronckart

Coproducteur : Luc Dardenne,Jean-Pierre Dardenne

Chef monteur : Francine Sandberg

Exportation/Distribution internationale : Rezo Films, France

Distribution : Rezo Films, France

Critiques Presse

L’âme, voilà peut-être ce qui intéresse Dominique Cabrera. C’est justement à l’âme que Christelle (magnifique Maryline Canto qui trouve enfin là un rôle à sa mesure) a mal. Pleine de bleus à l’âme. Des bleus à l’âme qui ne se disent pas, des bleus à l’âme qui se disent dans le corps et dans le refus obstiné de ne pas rentrer à la maison. A la maison, il y a la petite famille. La naissance de la petite dernière (celle qu’on a vraiment désirée comme dira le mari Laurent, interprété par Patrick Bruel, dirigé merveilleusement) a rompu le charme, le fil, le cours de la vie. Et Christelle ne peut plus, ne peut pas rentrer chez elle. On pourrait croire que le film traite du baby blues. Fausse piste. Il s’agit plutôt de la dépression ordinaire d’une femme tout à fait ordinaire. Et Dominique Cabrera filme en cinémascope (ses personnages de tous les jours sont des Héros) la nécessaire régression de Christelle réfugiée chez la voisine (comme une mère pour elle) dans un appartement, (dont on ne voit aucun paysage de la fenêtre), véritable ventre de la mère, où la voisine (interprétée par la toujours excellente Dominique Blanc) la nourrit, la soigne, lui parle, la lave. Un espace hors du temps. Autour de ce point d’obstination qu’est le personnage de Christelle, c’est toute la constellation de la famille qui va briller d’un autre éclat. Ainsi, le lait, qui circule tout au long du film, de personnage en personnage (dans un verre, dans le biberon, dans les seins de Christelle) dit tous les liens qui se tissent et se défont jusqu’à la re-naissance.

Le Lait de la tendresse humaine" : la mère en fuite
Une femme plonge au plus profond d’elle-même. Éblouissant.
Mais qu’est-ce qu’elle fuit ? Christelle (Marilyne Canto) abandonne son enfant nouveau-né sans savoir s’il est encore en vie. Elle sort en courant de son appartement, tente vainement de parler à ses parents et sort du champ de vision de sa famille. Mais au lieu de partir au loin, elle se cache tout près, dans l’appartement d’une voisine, Claire (Dominique Blanc). Là, dans un univers étrange, presque féerique, aux couleurs douces et vives, Christelle tente d’abord de survivre, puis de se rassembler, guidée par Claire, espèce de bonne fée suburbaine (tout se passe dans un immeuble modeste d’une petite ville de montagne). On a donné le meilleur (et l’essentiel) du Lait de la tendresse humaine dès le début. Tant qu’elle s’attache aux pas de Christelle, à la relation forte et douce qui se lie entre les deux femmes, Dominique Cabrera trouve un ton, celui d’une fiction qui s’éloigne du réalisme pour trouver la vérité de son personnage central tout en en préservant le mystère.Retirée au plus profond d’elle-même, Marilyne Canto montre la folie sans renoncer à l’humanité de son personnage, pendant que Dominique Blanc arrive à faire croire qu’un professeur des collèges et une bonne marraine peuvent coexister dans la même enveloppe charnelle. Cette grâce se communique à la famille immédiate de Christelle, à Laurent (Patrick Bruel), son mari, d’abord. La vedette de la chanson et de l’écran se dépouille de tous ses attributs de vedette pour ne laisser voir qu’une infinie tristesse, un désarroi à peine contenu par l’accomplissement de petits gestes quotidiens. Ce renoncement permet à Bruel d’être convaincant et émouvant comme il ne l’avait jamais été au cinéma.Ce n’est pourtant qu’une bonne moitié du Lait de la tendresse humaine. Le reste suit les fissures qui se dessinent après la disparition de Christelle, dans sa famille, chez ses amis. Par la grâce d’on ne sait quel saint patron du casting, Dominique Cabrera a réuni une distribution éblouissante, rassemblant des acteurs de toute provenance, de Mathilde Seigner, étoile montante du jeune cinéma populaire qui joue la sœur de Christelle, à Yolande Moreau, naguère chez Jérôme Deschamps, ici en collègue de travail.Mais l’éblouissement ne facilite pas la vision. La multiplication des seconds rôles (beaux-frères et belles-sœurs, amants, maîtresses et maris) et l’enthousiasme avec lequel les acteurs s’en saisissent virent à la bousculade. Prises individuellement, les scènes qui réunissent ces acteurs sont au-delà de tout reproche - scène d’amour entre Olivier Gourmet et Yolande Moreau ou repas de famille qui permet à Mathilde Seigner de se faire plus peste qu’on ne le tolère généralement autour d’une table. Mais l’addition de ces épisodes, l’espèce de brouhaha qu’ils génèrent empêchent souvent d’entendre la vraie musique du Lait de la tendresse humaine, celle que jouent Marilyne Canto, Dominique Blanc et Patrick Bruel. Dès qu’elle se fait assez forte, le film de Dominique Cabrera retrouve sa voie.

Thomas Sotinel

Le Monde daté du mercredi 19 septembre 2001

 Le Parisien- Pierre Vavasseur et Alain Grasset

Filmé à fleur de peau, avec une caméra fébrile et plus vivante que jamais, formidablement joué par Marilyne Canto dont il est temps de faire une grande actrice, « le Lait... » est le grand coup de cœur de cette semaine.

 Télérama - Isabelle Fajardo

On n’a jamais filmé l’angoisse d’être mère de manière aussi frontale, aussi organique. Obstinément, Dominique Cabrera s’attache à dire l’essentiel (lait-sang-ciel), à montrer la vie telle qu’elle est, âpre, bouillonnante.

 Le Point - François-Guillaume Lorain

Dévidant un fil narratif ténu, cet émouvant film-ricochet est l’oeuvre la plus aboutie de Cabrera.

 Les Inrockuptibles - Sophie Bonnet

Dans ce film sur la vulnérabilité du lien qui nous unit au monde, Cabrera n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle délaisse le fil narratif (...) C’est là qu’elle parvient à capter de vrais moments de grâce.

 Aden - Philippe Piazzo

Le Lait... est peut-être, (...), entre autoportrait et désir de fiction, un film entre deux eaux. Il déroute, ou s’adresse à vous immédiatement ; (...) c’est un film aussi sensible que dérangeant, aussi paumé qu’il est sûr d’une seule chose : le monde est à portée de main.

 L’Express - Eric Libiot

Dominique Cabrera filme juste à la bonne distance de son sujet - un défaut ? peut-être une volonté d’embrasser une trop grande typologie de comportements - et ouvre son long-métrage aux comédiens. Tous formidables (...)

 Première - Virginie Apiou

On suit au gré, d’une réalisation inégale, l’existence d’une douzaine de personnages. Et c’est sans surprise que les très solides Olivier Gourmet, Sergi Lopez et Dominique Blanc se montrent impeccables dans des rôles d’"humains-trop-humains". Pour les amateurs donc.

 Cahiers du Cinéma - Jérôme Larcher

(...) ce lait laisse un arrière-goût dans la bouche, tant il est sucré ; la cinéaste se risque rarement à l’âpreté (...) et le vent de folie qui secoue le film se réduit parfois à de la sensiblerie.

 Chronic’art.com - Pierre Guifou

(...) Pantin désincarné, (l’interprétation de Maryline Canto), figée par la tyrannie du scénario et le chichi de la mise en scène, est le reflet tristement parfait d’un film froidement empesé.

 Urbuz - Vincent Malausa

Tout ici s’enclenche dans une mécanique pompeuse, trop large, dévorant rapidement les rares bonnes idées qui se dégagent comme par magie de cet agrégat de bonnes pensées mielleuses.

 Studio Magazine - Thomas Baurez

Servi par un casting prestigieux (...) le film offre des moments singuliers. Toutefois, ces seconds rôles de luxe ne suffisent pas à donner une cohérence au récit. Dommage.

 Ciné Live - Grégory Alexandre

Un beau sujet souvent gâché par des effets de mise en scène trop appuyés, et par le surnombre patent de seconds rôles, sacrifiés.

 Télérama - Louis Guichard

Une femme prise de phobie face à son nourrisson et à sa charge de mère de famille, c’est un sujet fort. (...) Malheureusement, dans le film de Dominique Cabrera, cette transgression n’est qu’un point de départ. (...) Exit la part aventureuse (et prometteuse) de l’affaire, comme si la cinéaste n’avait pas voulu regarder les abîmes que son scénario ouvrait.

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