Synopsis
Phil Connors, présentateur météo grincheux et arrogant, doit tourner un reportage sur Ia fête traditionnelle de la petite ville de Punxsutawney, célébrant le réveil printanier de la marmotte. Il est d’humeur exécrable et compte bien repartir Ie soir même. Mais lorsqu’il se réveille le lendemain, il découvre avec stupeur que la date n’a pas changé et qu’il est condamné à revivre un par un les événements de la veille. Les jours passent, tous des 2 février. Connors se voit dès lors obligé de faire face à la répétition infinie du Jour de la marmotte.
Générique
Titre original : Groundhog Day
Réalisation : Harold Ramis
Scénario : Danny Rubin et Harold Ramis, sur un sujet de Danny Rubin
Image : John Bailey
Montage : Pembroke J. Herring
Musique : George Fenton, avec des reprises de Sonny and Cher (I Got You, Babe), Mozart, Rachmaninoff (grand thème de la Rhapsodie sur un thème de Paganini, Frankie Yankovic (Pennsylvania Polka)
Décor : David Nichols
Direction artistique : Peter Landsdown Smith
Costumes : Jennifer Butler
Production : Trevor Albert et Harold Ramis pour Columbia
Pictures
Format : Couleur - 1,85:1 - 35 mm
Durée : 1 h 41
Interprétation
Bill Murray / Phil Connors
Andie MacDowell / Rita
Chris Elliott / Larry
Stephen Tobolowsky / Ned Ryerson
Brian Doyle-Murray / Buster Green
Marita Geraghty / Nancy Taylor
Angela Paton / Mrs. Lancaster
Rick Ducommun / Gus
Rick Overton / Ralph
Robin Duke / Doris, la serveuse
Mise en scène
Harold Ramis révèle ici une incontestable et surprenante inspiration sur le thème, pourtant abondamment visité, des paradoxes temporels. Mêlant à un véritable sens du rythme comique, une réflexion tout à fait passionnante sur la responsabilité de l’homme face à ses actes, il parvient en même temps à construire un objet cinématographique d’une assez confondante adresse, variant imperceptiblement les angles de vue quand les situations en viennent à se confondre, accélérant soudain le cours arrêté du temps pour mieux lui redonner ensuite toute sa lancinante pesanteur, évitant les effets comiques assurés pour nous surprendre par son doigté à manier un matériau fantaisiste formidable, bridant la nature explosive et cabotine d’un Bill Murray décidément touché par la grâce (voir son extraordinaire composition pointilliste dans Mad dog and glory). Là, où tant de films se sont contentés de pointer les incongruités des bégaiements temporels - il n’est qu’à se sou venir de la série des Retour vers le futur - Un jour sans fin crée, sous son apparence sans aspérité, sous ses ‘concessions à la moral majority américaine, sous sa volonté de ne pas se prendre un instant au sérieux, un vrai vertige. Dans cette aventure à proprement parler incroyable, ce sont toutes nos certitudes, toutes nos balises qui perdent pied. Parce qu’il se retrouve chaque jour (un singulier qui prend ici tout son sens) face à des êtres sans mémoire, et donc manipulables à volonté, Phil, le héros de ce film, bénéficie et profite d’une liberté, d’une impunité totales dans ses actions. Qu’il s’agisse de sauver un enfant tombant d’un arbre ou d’entrer d’une manière illicite dans certaines inti mités, il sait, à la seconde près chaque matin un peu mieux, ce qu’il peut ou doit faire pour modifier le destin en faveur de ses des seins. Il devient ainsi une manière de démiurge au petit pied régnant sur un espace et un espace-temps bornés par d’immuables repères. Là où le film d’Harold Ramis prend une ampleur inaccoutumée dans le paysage dévasté de la comédie américaine, c’est lorsqu’il se mêle de dévoiler les dérapages de Phil face à sa nouvelle et irrémédiable condition : de l’euphorie au désespoir, on le voit glisser d’une espèce d’inconscience satisfaite et replète à une lucidité tragi que face à son destin de Sisyphe moderne. En même temps qu’il s’amuse ainsi à nous troubler, Harold Ramis ne se prive guère de faire œuvre de satiriste, et sa vision d’une Amérique profonde à la crédulité et au mauvais goût incommensurables puisque tel est bien le lieu où se déroule cette singulière transfiguration vaut mieux que bien des charges plus prétentieuses.
Didier Roth-Bettoni/ Mensuel du CinémaN° 7 Juin 1993
Le point de départ est abracadabrant, et le premier mérite du film est d’aller jusqu’au bout de cette idée, en lui trouvant des vertus narratives qui n’étaient pas évidentes. Car, enfin, voir un personnage refaire dix ou vingt fois le même geste, se réveiller sur I got you babe à la radio, aurait pu être franchement lassant. Mais le scénario, malin, exploite de façon très cocasse toutes les possibilités. Pris au piège, le présentateur mal léché commence par imaginer toutes les horreurs auxquelles son statut « surnaturel » l’autorise, puis prendra peu à peu le chemin de la rédemption, la sagesse étant synonyme de délivrance. Ça pourrait être « cucul » en diable, mielleux et moralisateur, mais les interprètes et une mise en scène tout en finesse, donnent naissance à une jolie comédie sentimentale.
Aurélien Ferenczi / Télérama