Parcours
Hitchcock naquit à Londres en I899, dans une famille aisée et catholique et reçut une éducation stricte de la part d’un père qui le terrifiait. Mis en pension dans un collège de Jésuites, il vécut sa jeunesse en solitaire, un corps gros et rond, ressenti comme ingrat.
D’abord ingénieur dans une compagnie télégraphique, ses dons pour le dessin l’amène au service publicité puis dans la succursale londonienne de la future MGM, où il fabrique les intertitres des films muets. Il en profite pour s’initier aux différents métiers du cinéma avant de partir en Allemagne où il découvre l’expressionnisme et des réalisateurs comme Paul Leni ou Fritz Lang.
De retour en Grande-Bretagne, il réalise en 1925 The Pleasure Garden et épouse Alma Reville, qui sera sa collaboratrice régulière. Son premier grand succès est The Lodger (1926), qui est en même temps son premier thriller, inspiré du personnage de Jack l’Éventreur. On remarque d’emblée le don du cinéaste à visualiser à l’extrême chaque détail. Au cours de cette période anglaise, son succès ne cesse de grandir, reposant de plus en plus sur le film de suspense et d’espionnage, et son style se perfectionne dans les années 30 à travers L’Homme qui en savait trop, Les Trente-neuf marches, Une femme disparaît... Mais Hitchcock sent vite les limites financières et techniques de la production anglaise et fait en sorte qu’Hollywood s’intéresse à lui. Le producteur d’Autant en emporte le vent, David O. Selznick, le fait venir en 1939 pour réaliser Rebecca, couronné de succès et de plusieurs Oscars.
Son ambition de devenir le meilleur réalisateur américain après avoir été le meilleur dans son pays d’origine ne l’empêche pas d’aborder à plusieurs reprises la question du nazisme dans Correspondant 17, Lifeboat, Les Enchaînés et La Corde. Mais il joue longtemps de son style anglais et du dandysme attaché à la réputation britannique, montrant « le crime considéré comme un des beaux arts » dans des films comme L’Ombre d’un doute , L’Inconnu du Nord Express ou Le Crime était presque parfait. Outre le raffinement esthétique des meurtriers, la morale victorienne est accentuée et trois thèmes dominent cette période ; le secret, le chantage, l’aveu, que résument deux titres significatifs, Soupçons et le Faux Coupable.
En 1954, Fenêtre sur cour précise le rapport qu’Hitchcock entretient avec le spectateur : comme James Stewart cloué sur son fauteuil par un accident qui observe l’immeuble d’en face, le spectateur attend que « quelque chose se passe » sur l’écran et libère ses pulsions morbides inconscientes. Lorsque le héros dans lequel il se projette atteint le sommet de l’angoisse, le happy end exauce son souhait d’un retour à la sécurité et à la morale. De simple artifice dramatique, le suspense devient une épreuve morale : devant James Stewart suspendu à une gouttière au début de Vertigo (Sueurs froides), c’est au spectateur de choisir entre le salut ou la chute, le Bien ou le Mal.
Progressivement, l’œuvre d’Hitchcock glisse vers un fantastique de plus en plus terrifiant avec Psychose et Les Oiseaux. Puis le metteur en scène joue avec le spectateur, répondant à ses désirs, dans un jeu qui déçoit une partie de la critique mais se révèle d’années en année plus riche (Frenzy, Complot de famille). Hitchcock meurt le 29 avril 1980 à Los Angeles.
Filmographie
# 1925 The Pleasure Garden
# 1926 The Mountain Eagle
The Lodger (Les Cheveux d’or/L’Éventreur)
# 1927 Downhill
Easy Virtue (Le Passé ne meurt pas)
The Ring (Le Masque de cuir)
# 1928 The Farmer’s Wife (Laquelle des trois)
Champagne (À l’américaine)
# 1929 The Manxman
Blackmail (Chantage)
# 1930 Elstree Calling — avec A. Brunel
Juno and the Paycock (The Shame of Mary Boyle)/(Junon et le paon)Murder (Meurtre)
# 1931 The Skin Game
# 1932 Rich and Strange (À l’est de Shanghai)
Number Seventeen (Numéro dix-sept)
# 1933 Waltzes from Vienna (Le Chant du Danube)
# 1934 The Man Who Knew Too Much (L’Homme qui en savait trop)
# 1935 The 39 Steps (Les 39 marches)
# 1936 The Secret Agent (Quatre de l’espionnage)
Sabotage (Agent secret)
# 1937 Young and Innocent (Jeune et innocent)
# 1938 The Lady Vanishes (Une Femme disparaît)
# 1939 Jamaica Inn (La Taverne de la Jamaïque)
# 1940 Rebecca (Rebecca)
# 1941 Mr. and Mrs. Smith (M. et Mme Smith)
Suspicion (Soupçons)
# 1942 Saboteur (Cinquième colonne)
# 1943 Shadow of a Doubt (L’ombre d’un doute)
# 1944 Lifeboat
Bon Voyage (c. m.)
Aventure Malgache (c. m.)
# 1945 Spellbound (La Maison du Dr Edwards)
# 1946 Notorious (Les Enchaînés)
# 1948 The Paradine Case (Le Procès Paradine)
The Rope (La Corde)
# 1949 Under Capricorn (Les Amants du Capricorne)
# 1950 Stage Fright (Le Grand Alibi)
# 1951 Strangers on a Train (L’Inconnu du Nord-Express)
# 1953 I Confess (La Loi du silence)
# 1954 Dial M for Murder (Le Crime était presque parfait)
Rear Window (Fenêtre sur cour)
# 1955 To Catch a Thief (La Main au collet)
# 1956 The Trouble With Harry (Mais qui a tué Harry ?)
The Man Who Knew Too Much (L’Homme qui en savait trop)
# 1957 The Wrong Man (Le Faux coupable)
# 1958 Vertigo (Sueurs froides)
# 1959 North by Northwest (La Mort aux trousses)
# 1960 Psycho (Psychose)
# 1963 The Birds (Les Oiseaux)
# 1964 Marnie (Pas de printemps pour Marnie)
# 1966 Torn Curtain (Le Rideau déchiré)
# 1969 Topaz (L’Étau)
# 1972 Frenzy
# 1975 Family Plot (Complot de famille)
Outils
Bibliographie
Hitchcock/Truffaut, Ed. Ramsay, 1985.
La vraie vie d’Alfred Hitchcock, Donald Spoto, Ramsay Poche Cinéma n° 116, 1994.
Hitchcock, Eric Rohmer, Claude Chabrol, coll. Les Introuvables, Editions d’aujourd’hui, 1976.
Hitchcock, Jean Douchet, L’Herne, 1985.
Alfred Hitchcok, Noël Simsolo, Ed. Seghers, 1969.
Alfred Hitchcock, s/ dir. Michel Estève, Etudés cinématographiques n° 84-87, Ed. Minard, 1971.
Hitchock, Bruno Villien, Ed. Rivages, 1985.